Ni hâte, ni retard
Dieu
n'est jamais en retard !
Le timing est essentiel pour des tas de choses dans notre
vie - et ça, les athlètes le savent bien. Ils s'entraînent continuellement pour
améliorer leurs performances, gagnant ainsi un quart de seconde, ou 2,54 cm ou
30,48 cm supplémentaires. Lors d'un enterrement, personne ne dit « Je le veux
», puisqu'il s'agit-là du langage des cérémonies de
mariage. Là encore, il faut prononcer ces mots justes au bon moment. La santé
est, elle aussi, liée à des modèles temporels. Les personnes en bonne santé ont
des habitudes alimentaires, de sommeil ou d’exercices physiques sains. Elles
savent que ces habitudes les aident à s'épanouir.
Le temps est aussi important dans notre vie spirituelle ;
il suit des modèles et des rythmes établis par un Créateur bon et désireux de
bénir sa création. Le Shabbat n'est pas seulement 24 heures couronnant
un cycle hebdomadaire, mais un ordre de nos vies dirigé par Dieu. Et en même
temps, un tel ordre vise à être en bénédiction à ceux qui nous entourent et qui
- comme nous - font partie du tissu de ce système vivant donné par Dieu.
Dans un monde régi par des horaires et des calendriers,
comment pouvons-nous vivre sans nous presser ? Que peuvent nous apprendre les
Évangiles sur la façon dont Jésus, l'Homme-Dieu, a vécu sa courte vie sur terre
? Comment vivre sans hâte le modèle du sabbat, lequel sous-tend une création
bonne et parfaite dans un monde infecté par le péché, la douleur et la
destruction ?
LE DON DU TEMPS
Au commencement, Dieu créa le temps. La Bible parle du
rythme du matin et du soir lorsque Dieu, par sa parole, donna naissance à cette
planète et à son système solaire (Gn 1). Le temps est
un don divin et il le demeure - même après l'entrée du péché. Le temps - le
moment des possibilités - est la monnaie que Dieu utilise pour bénir sa
création. Ecclésiaste 3.1-11 formule ces temps de l'existence humaine souvent
par paires juxtaposées. « La première observation de la grâce se trouve dans le
temps », écrit Jacques Doukhan, spécialiste de
l'Ancien Testament, dans un commentaire sur ce texte biblique. « Contrairement
aux philosophes grecs, lesquels voyaient dans le temps une puissance
destructrice, les anciens Hébreux, eux, voyaient la vie dans le temps. Ainsi,
lorsque Salomon dit qu'il y a un temps pour tout (v. 1), il ne veut pas dire
qu'il y a un moment approprié pour que les êtres humains agissent ; il ne veut
pas dire non plus que les événements se produisent sans que nous les
contrôlions, de manière déterministe. L'utilisation de la préposition « pour »
attachée au mot « tout », suggère plutôt que tous ces événements
temporels, les temps de l'existence humaine, doivent être reçus comme une grâce
de Dieu. »
Le sabbat est une expression importante de ce don à
l'humanité, où Dieu nous rappelle notre « condition de créature », nos
origines, et le fait que nous dépendons de lui pour la grâce et le salut Nous
rencontrons Dieu dans le temps. Même si Dieu n'est pas limité par le temps, il
est engagé envers le timing parfait pour sauver sa création.
DANS LA PLÉNITUDE DU TEMPS
Quelle merveille l'incarnation nous révèle-t-elle ? Que ce
Dieu - lequel est bien au-delà des dimensions dans lesquelles nous vivons et a
créé le temps - entre réellement dans le temps et devient sujet au temps. C'est
ce que Paul décrit dans Calâtes 4.4-5 : « Mais, lorsque les temps ont été
accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la loi, afin qu'il
rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption1.
» Jésus est venu dans la plénitude des temps. Dieu se limite à un calendrier -
un grand calendrier prophétique qui, malgré les tentatives répétées de Satan
pour le perturber, ne connaît aucune interruption, et se déroule sans
précipitation. Jésus ne vient pas seulement au bon endroit, mais aussi au bon
moment. Le fait que Dieu se limite volontairement en dit long sur qui il est
Dans ses limites imputables à notre temps, et en dépit des complots et des
plans de son ennemi juré flanqué de ses acolytes. Dieu n'est jamais en retard,
et en aucun cas, pressé. Dans un monde turbulent, pressé et imprévisible, cela
nous remplit de confiance.
LE TIMING DE JÉSUS
Comment Jésus a-t-il vécu dans le temps ? D'emblée, il nous
faut reconnaître que les personnes vivant au 1" siècle de notre ère
semblaient avoir un rapport au temps différent de celui des personnes vivant
dans le monde du 21" siècle. À cette époque, la vie ne s'écoulait
pas aux rythmes des horloges. Les gens regardaient le ciel pour avoir une idée
de l'heure. Il n'y avait pas d'horaires pour les trains ou les avions. Les
rythmes de vie étaient sans doute plus modérés. Il s'agit peut-être là d'un
défi ou d'un appel qui nous est lancé pour créer, dans la mesure du possible,
des moments de calme dans notre vie - des respirations qui nous aident à lever
les yeux pendant un instant et à ne pas planifier chaque microseconde.
Mais au cours de son ministère terrestre, Jésus a connu,
lui aussi, des moments tout aussi précipités que les nôtres. Prenons par
exemple l'incident de Luc 8.41-56. Jésus arrive en ville et une grande foule
l'attend. Imaginez beaucoup de monde, beaucoup de bruit, et beaucoup d'action
dans les rues bondées de Capernaüm. Alors que tout le monde semble vouloir
quelque chose de Jésus, Jaïrus se pointe avec une demande très urgente. Luc le
présente : il s'agit d'un « chef de synagogue », bref, de quelqu'un
d'important. Oubliant sa dignité et se jetant aux pieds de Jésus, il le supplie
de venir chez lui. Le texte suggère que le timing est important car sa petite
fille est sur le point de mourir. Jésus doit, de toute urgence, se frayer un
chemin aussi vite que possible à travers la foule qui, nous dit-on, le presse
de tous côtés. C'est l'heure de pointe ! Alors qu'il tente d'avancer pour se
rendre chez Jaïrus, soudain, quelque chose d'important se produit II s'arrête.
Une femme vient de le toucher avec foi, et est guérie instantanément.
Considérant que ce moment est important pour construire la foi de la femme et
de la foule, Jésus prend le temps de s'arrêter. Luc 8 reflète aux versets 43 à
48 ce temps dans l'espace accordé à la description de cette rencontre, alors
que Jésus s'informe pour savoir qui l'a touché. Cette question semble être hors
du temps et de l'espace, comme Pierre s'empresse d'ailleurs de le souligner.
Pourtant, Jésus prend le temps de la poser. La femme s'avance alors et, en
présence de tous, elle raconte son histoire, ce qui
prend aussi du temps. Elle donne son témoignage et Jésus encourage sa foi.
Luc souligne cette urgence en mentionnant qu'un message arrive
alors que Jésus est encore en train de parler. On ne peut qu'imaginer l'anxiété
croissante de Jaïrus, alors que la femme raconte son histoire de façon
hésitante et que ce père angoissé désire que Jésus fasse quelque chose de bien
plus important pour lui. Au bout d'un moment, un message catastrophique lui
parvient : « Ta fille est morte ; n'importune pas le maître. » (Le 8.49) Au
lieu de se hâter ou de se précipiter, Jésus prononce des paroles de paix et de
courage à ce père éploré : « Ne crains pas, crois seulement, et elle sera
sauvée. » (v. 50)
Si nous entendions cette histoire pour la première fois et
découvrions l'occasion complètement ratée, nous serions stupéfaits 1 Jésus
aurait dû prendre le caractère urgent de la situation davantage au sérieux !
Pourquoi a-t-il raté ce moment important pour guérir la jeune fille et
accomplir un autre miracle qui transformerait sa vie ?
Malgré cette urgence apparemment interrompue et l'occasion
en or ratée, Jésus assure à Jaïrus que rien n'est perdu. Il semble aussi parler
du temps. Il refuse de se laisser mener par tout ce qui paraît urgent, de le
laisser noyer ou éclipser les choses de la vie qui sont vraiment importantes.
On connaît la suite de l'histoire. Jésus ressuscite la
fille de Jaïrus et la rend à ses parents en deuil. Il ne s'est pas attardé pour
éviter la catastrophe, mais s'est montré rapide pour faire grandir la foi et
pour répondre en son propre timing à la confiance - même avec des preuves du
contraire. Celui qui donne la vie utilise ce miracle pour parler encore plus
puissamment aux cœurs de ceux qui viennent d'en être témoins.
APPRENDRE A
VIVRE AUX RYTHMES DU CIEL
Que pouvons-nous apprendre de Dieu sur le temps
- cette denrée incroyable que nous ne possédons qu'à titre
de prêt ? L'interaction de Dieu avec le temps nous offre des leçons claires et
nous invite à y réfléchir. Dieu, lequel vit en dehors du temps et de l'espace,
n'est jamais pressé. Le Créateur du temps est aussi le Seigneur du temps. Il
tient dans sa main le temps - y compris le temps prophétique - et ne se
précipite pas.
Et cependant, il comprend notre relation
complexe avec le temps, Jésus est venu vivre dans
l'espace et s'est soumis au temps, nous montrant ainsi comment nous pouvons
nous situer par rapport au temps. Sa vie nous enseigne l'importance d'utiliser
le temps avec sagesse tout en ne nous laissant pas dominer par lui. Nous devons
apprendre à faire la différence entre l'urgent et l'important Si nous ne
l'apprenons pas, nous serons continuellement poussé s par ce qui paraît urgent
au détriment de ce qui est vraiment important Alors, comment arrêter cette
course incessante à réagir aux urgences ? Jésus montre que nous devons
apprendre à vivre et à marcher au rythme de Dieu. Ici-bas, il prenait
régulièrement le temps de s'entretenir avec Dieu dans le calme du petit matin
ou dans l'obscurité de la nuit alors que les gens réclamaient son attention, ou
que ses disciples attendaient qu'il s'occupe de l'urgent.
Apprendre un nouveau rythme n'est pas chose
facile. Les musiciens disent que les changements de rythme au sein d'un morceau
de musique sont très difficiles, en
particulier lorsqu'on est au beau milieu d'une chanson. C'est pourquoi Dieu
nous donne - chaque semaine - un jour pour prendre du recul par rapport à
l'urgence qui nous anime et pour réfléchir à ce qui importe vraiment C'est un
jour pour changer de rythme. Profiter de ce jour pour réévaluer la façon dont
nous passons notre temps est une partie importante du sabbat (parmi
beaucoup d'autres choses importantes !).
Il est temps de comprendre que notre vie ne se
résume pas à des listes de choses à faire et à
des cases à cocher, et que nourrir notre relation avec Dieu et avec ceux qui
nous entourent est plus important que des accomplissements en quantité. De
quelle autre manière pouvons-nous apprendre à ordonner nos vies au rythme de
Dieu ? Peut-être pourrions-nous consciemment prendre du recul par rapport aux
exigences irréalistes de nos gadgets qui nous entraînent 24 heures sur 24, sept
jours sur sept. Peut-être pouvons-nous désactiver certaines notifications.
Peut-être pouvons-nous prendre la décision de poser nos appareils pour
observer, écouté, ressentir, touché, humer. Nous
pouvons apprendre à écouter les échos du ciel.
Résister
à l'urgence n'est pas facile. Ça peut sembler risqué et nous donner
l'impression que nous perdons le contrôle de notre vie. Mais nous pouvons nous
permettre de laisser tomber la précipitation continuelle de ce qui semble
urgent en nous reposant, avec le psalmiste, sur la sécurité suivante : «
Mes destinées sont dans ta main » (Ps 31.16), sachant qu'un Dieu rempli d'amour
ne connaît ni hâte, ni jamais de retard.
Extrait
de la Revue
Adventist
World 2025